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169 – Le compromis

Depuis que Morgan avait quitté les lieux, un lourd silence régnait devant la cellule des détenus. Gal-Helos était toujours assis sur le sol, les jambes croisées et les yeux fermés. Il était aussi immobile que Komotheit, qui était adossé au mur. Emi et Luna les observaient, ayant conclu un pari pour voir lequel des deux aller bouger en premier. La lutte était… féroce.

 

Mi-Ran boudait encore dans le coin de la cellule alors que sa sœur fixait Aki, semblant intriguée. Sy-Jan n’avait encore jamais vu de crystalistes aux cheveux blancs comme le quartz, car chez elle, il n’y avait aucun autre crystaliste avec une telle couleur de chevelure sauf Jü-Ri, qui avait quitté son monde avant même qu’elle ne soit née. Elle aurait adoré pouvoir lui parler, ainsi qu’à Emi et Luna, mais elle était maintenant beaucoup trop gênée pour prononcer un mot, sachant qu’elle ne serait pas comprise.

 

Morgan arriva enfin. Les filles, sauf Mi-Ran évidemment, semblaient initialement heureuses de revoir le vétéran plus vite qu’elles ne l’avaient imaginé. Cependant, le regard sérieux de Morgan leur fit douter qu’il ait pris une décision. Komotheit se tourna vers lui.

« Alors? » dit-il.

« Bien qu’il soit évident que vous devez emmener la trinité consulter l’oracle, je n’ai pas encore trouvé de solution pour vous faire sortir de prison en toute légalité. » répondit Morgan.

« J’ai quelque chose à te proposer. »

« Hm. Je t’écoute, Komotheit. »

« Je sais qu’en tant que dirigeant de la NOA, ton pouvoir décisionnel est plus fort que même la justice de la confédération quand un incident se passe sur Arcadia. Tu peux émettre un jugement immédiat pour un crime, comme les hauts placés de la NOA peuvent juger leurs subordonnés. »

« Cet article de loi est rarement invoqué… et avec raison. Continue quand même. »

« Ils ont envahi Arcadia et en appréhendant le paladin aussitôt après, on peut te considérer comme un témoin de l’acte. Tu pourrais ordonner une sentence de bannissement de la planète Arcadia, alors ils seront forcés de retourner d’où ils viennent. Nous allons donc les « escorter » jusqu’à leur planète. »

« Vous… n’êtes pas sérieux! » s’exclama Gal-Helos.

 

Morgan se tint le menton, réfléchissant.

« Bien que ce soit sensé, Komotheit, il y a un détail qui t’échappe. » répondit le vétéran. « Te souviens-tu de quand tu as quitté la NOA? Saeran voulait te bannir de la confédération entière. Son moyen pour y parvenir était de te bannir d’abord d’Arcadia, qui est un lieu particulier dans la loi de la confédération. »

« Que voulez-vous dire? » demanda Luna.

« Je vous épargne les détails juridiques, mais Arcadia n’est pas une fédération en soi. C’est un lieu unique qui sert de pont entre les fédérations. Pour bannir quelqu’un, on doit le juger trop dangereux pour l’endroit spécifié. Et juger quelqu’un de trop dangereux pour Arcadia serait le juger trop dangereux pour la confédération entière. »

« Et puis? » l’interrompit Komotheit. « Qu’est-ce que cela change pour toi qu’ils soient bannis de la confédération? »

« Bannir ces crystalistes pourrait causer bien plus de problèmes que tu ne crois. »

 

Komotheit fixa Morgan. Le crystaliste compris alors pourquoi Gal-Helos faisait toujours allusion que le vétéran savait que le temps pressait. Ce n’était pas une menace qui s’approchait de l’univers, mais qui était déjà présente. La résurrection de Midène était peut-être beaucoup plus près qu’il ne le croyait et Morgan le savait. Si cela était le cas, bannir les crystalistes les empêcherait de prêter main-forte à la NOA au moment où le pire arriverait.

 

Tout à coup, du coin de sa cellule, Mi-Ran prononça quelques mots dans sa langue. Les deux autres détenus se tournèrent vers elle, les yeux grands ouverts. Mi-Ran continua, expliquant à son maître son idée. Le paladin blêmit en entendant la suggestion, alors que Sy-Jan couvrit sa bouche avec sa main, tentant de retenir ses larmes.

« Que se passe-t-il?! » s’exclama Emi. « Qu’est-ce qu’elle dit? »

« Mi-Ran suggère que nous purgeons notre peine à une condition. » dit Gal-Helos.

« Laquelle? » répondit Morgan.

« Parlant de façon hypothétique, si notre monde n’a pas vent du succès ou de l’échec de notre mission, ils enverront d’autres crystalistes à notre recherche. Cela pourrait causer d’autres conflits inutiles. Si nous retournons pour seulement confirmer que nous avons retrouvé la trinité d’Éternia, nous pourrons revenir faire face à la justice de la confédération. »

« Je doute fort que vous croyiez que nous allons vous laisser partir comme ça sur votre bonne foi. »

« Évidemment. C’est pour cela que… Mi-Ran se porte volontaire pour rester ici. Elle sera votre garantie de notre retour. Jusqu’à ce moment, elle fera face à la justice pour nous trois à la fois. »

« Vous voulez dire qu’elle est prête à purger les peines de vous trois consécutivement si jamais vous ne revenez jamais? » demanda Komotheit.

« C’est exact. »

 

Komotheit fixa Gal-Helos, se méfiant de lui. Mi-Ran avait parlé dans sa langue natale après tout. Quelle preuve avait-il que le paladin n’utilisait pas cela à son avantage pour se servir d’elle comme sacrifice afin de pouvoir s’échapper? Cependant, il savait qu’elle pouvait comprendre la langue commune sans pouvoir bien la parler. Si Gal-Helos mentait, elle aurait réagi, même sans dire un mot.

« Hmm. Qu’en penses-tu, Morgan? »

« Cela me semblerait juste. » répondit le vétéran. « Je suis intéressé à l’idée d’éviter que d’autres crystalistes apparaissent de nulle part. Vous savez maintenant à quel point l’UPDP est efficace. »

« Certes. » dit Gal-Helos. « Aussi, bien que ma mission soit de la plus haute importance, je vous ai promis mon entière coopération. Je veux revenir faire face à la justice pour prouver que malgré mes gestes, je ne suis pas un ennemi de la NOA. »

« Je suis heureux d’entendre cela. Je ne veux pas que vous croyiez que je ressens du mépris envers vous trois. En fait, je vais discuter avec ceux qui ont été victimes de votre assaut pour avoir leur coopération également. Mais, comprenez-moi, les circonstances de votre venue m’ont particulièrement vexé. Je ne suis pas un homme de haut grade qui n’a aucune considération pour ceux sous mon commandement. De mes bras droits jusqu’aux recrues, aucun agent n’a plus d’importance à mes yeux qu’un autre. »

 

Le paladin regarda Morgan dans ses yeux. Il savait que même si cela était vrai, il y avait une autre raison. Il se remémora le moment où il l’avait combattu. Malgré l’incident avec les deux agents de la NOA, il avait une certaine clémence lors du combat. Mais tout cela avait changé lorsqu’il avait avoué la raison de sa venue sur Arcadia. Toute son indulgence s’était alors transformée en une violente intransigeance.

 

Il se souvint que le vétéran lui avait dit à ce moment que ce n’était pas de lui dont il se méfiait, mais de Piéos. Or, il savait que Morgan était loin d’être quelqu’un d’irréfléchi. Est-ce qu’il y avait des choses qu’il ignorait? Pourquoi un si grand héros se méfiait-il autant du grand dieu de la création, Piéos?

« Bon. » dit tout à coup Komotheit. « Nous allons trouver un endroit pour être à l’abri des ennuis jusqu’à ce que tu règles toute cette histoire-là. J’espère que ce sera rapide. »

« Bonne idée. » répondit Luna. « Morgan… Je vous prierais de garder un œil sur ce Saeran… J’ai peur que ce qui s’est passé hier soir se produise de nouveau… »

« Ne vous inquiétez pas à ce sujet, ma chère Luna. » dit Morgan. « J’avais l’intention de le rencontrer aujourd’hui même pour découvrir ce qui s’est réellement passé. »

« Merci Morgan. »

 

Komotheit se tourna vers la cellule. Il regarda Gal-Helos dans les yeux, immobile. Le paladin le fixa également d’un air incertain. Il avait constaté jusqu’à présent que bien que Komotheit avait plusieurs des traits de caractère de sa mère, il était complètement différent d’elle. Il soupira, semblant nostalgique. Irrité, Komotheit se retourna et s’en alla.

« Allons-y, les filles. » dit-il.

 

Aki, Emi et Luna le suivirent. Dans le corridor, Luna sourit à Emi en lui donnant un coup de coude amical pour attirer son attention.

« Hé… » chuchota-t-elle. « Je t’avais dit que le paladin gagnerait. »

« Tu as juste eu de la chance. » lui répondit Emi, la voix basse.