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144 – Le sens du devoir

Saeran retournait chez lui, venant tout juste de quitter le bâtiment principal de la NOA sur Arcadia. Il portait son armure complète, incluant la demi-cape qui couvrait son bras. Les gens qui le croisaient le saluaient respectueusement en inclinant la tête. Le général les saluait en retour. Mais quand personne n’était là, il fixait le sol, visiblement troublé par quelque chose.

 

Après environ une demi-heure de marche, il arriva dans un quartier résidentiel. Normalement, Saeran aurait utilisé sa force et sa vitesse légendaire pour se rendre chez lui en quelques instants. Aujourd’hui cependant, il voulait prendre son temps afin de réfléchir à ce que Morgan lui avait dit plus tôt dans son bureau.

 

Il s’arrêta devant une petite maison beige de deux étages, qui était entourée d’une vaste cour. C’était une demeure beaucoup plus modeste que la villa de Keith, mais c’était quand même un bel endroit pour y vivre. Il prit un moment pour secouer sa cape afin d’enlever le peu de poussière qui s’y retrouvait. Il se dirigea ensuite vers la porte. En chemin, il sortit de sa poche un joli bracelet en or blanc, qui était orné d’un magnifique diamant. Saeran ne put s’empêcher de sourire en le mettant autour de son poignet. Il cogna poliment avant d’y entrer.

« Je suis rentré! » lança-t-il en franchissant la porte.

 

Au son de sa voix, une jeune femme apparut du salon, se dépêchant d’aller le rejoindre dans l’entrée. Elle était une ravissante petite dame aux longs cheveux dorés qui avait de jolis yeux ambre qui scintillaient à la vue de Saeran. Elle était vêtue d’une robe bordeaux à taille empire et portait un bracelet identique au sien, symbole de leur union.

« Sassou!! » s’exclama-t-elle, sautant dans ses bras.

 

Saeran la saisit par la taille et la leva dans les airs tandis qu’elle entourait son cou de ses bras, l’embrassant passionnément. Son épouse était une personne de petite taille, alors elle semblait minuscule quand elle était près de son mari, qui était déjà plus grand que la plupart des gens.

« Bonjour, ma princesse. » dit le mastodonte.

« Comment vas-tu, chéri? » répondit-elle d’une voix enjouée.

« J’ai eu des nouvelles de Kael. Il n’y a pas eu de développement sur son enquête, mais il est toujours bien traité parmi ceux qu’il a infiltrés. »

« J’étais certaine que tout se passerait bien là-bas. Il est un vrai prodige. Il suit bien tes traces. »

« Je sais, Eileen, mais je le trouve quand même beaucoup trop jeune. »

« Il n’est plus notre bébé, Sassou. Si ce n’était que de toi, il ne quitterait jamais la maison! Il faut le laisser voler de ses propres ailes. »

 

Le général baissa les yeux, reposant son épouse au sol. Eileen vit immédiatement dans son regard que quelque chose d’autre de plus grave le tracassait. Elle avait aussi remarqué qu’il était très tendu quand elle était dans ses bras.

« Que se passe-t-il, Saeran? » demanda-t-elle. « Je doute que Morgan t’ait demandé dans son bureau juste pour te donner des nouvelles de notre fils… »

« C’est Shadow. » répondit-il.

 

Eileen la regarda avec de grands yeux. Elle hocha la tête et lui fit signe de la suivre. Se tenant la main, ils allèrent tous les deux dans leur chambre à coucher. Saeran retira son armure et la posa dans le garde-robe qui contenait ses autres uniformes militaires. Maintenant vêtu seulement de sa combinaison, il s’assit au pied du lit alors que son épouse se mit à genou sur le lit, retirant ses nombreuses bagues qu’elle portait à chaque doigt. Eileen massa ensuite les épaules de son mari, voulant qu’il se détende.

« Dis-moi ce qui se passe, chéri. » dit-elle.

« Shadow a contacté Morgan il y a quelques jours, car il a l’intention de revenir sur Arcadia. »

« Encore?… »

« Oui. En plus, il veut me voir. Il a dit à Morgan de me dire qu’il voulait mettre un terme à nos différends et qu’on devrait arranger un moment et un lieu pour le faire. »

 

Le sang d’Eileen ne fit qu’un tour à ces mots. Elle prit une grande inspiration, ne voulant pas s’emporter. Puisqu’elle était son épouse, il lui parlait souvent de choses que peu de gens savaient sur Arcadia, car il avait confiance en elle. Alors, elle connaissait un bon nombre d’informations sur Shadow et sur le rôle qu’il avait eu au sein de la NOA.

« As-tu l’intention d’y aller?… » demanda-t-elle, inquiète.

« Évidemment! Après la gifle qu’il nous a donnée, il doit faire face à ses actes et… »

 

Le mastodonte s’arrêta, baissant la tête. Poussant un soupir, il couvrit son visage avec sa main. Il y avait de l’incertitude dans le ton de sa voix, ce qui était rare chez lui. Cela inquiéta son épouse davantage.

« Depuis qu’il est venu sur Arcadia la première fois… Je ne suis sûr de rien. » continua Saeran. « Je l’ai à peine croisé. C’est plutôt Catherine qui a été en contact avec lui, car il restait chez elle pendant les quelques jours qu’il était là. »

« Elle a dit qu’il avait changé… »

« Oui… Il y a aussi cette histoire avec la crise de Rhan-Kahal. Shadow a été un élément clé dans la défaite de Hajnal. Il a lui-même éliminé leur dirigeant, sans rien demander en retour. De plus, il était impliqué dans ce conflit, car il avait été choisi par la déesse de ce système. Je pense aussi à cette gardienne qui voulait à tout prix le protéger… »

« Tu as raison… »

« En même temps, regarde tous les ravages qu’il a faits lorsqu’il était avec nous! Je ne peux pas tout simplement laisser quelqu’un d’aussi puissant que lui faire ce qu’il veut. Ça serait manquer à mon devoir et à mes principes! Je ne sais plus quoi faire, Eileen. »

 

Son épouse resta silencieuse un moment. Elle continuait à masser son mari, glissant ses mains avec une légère pression le long de son cou. Avant d’être mariée à Saeran, Eileen était l’héritière d’un royaume dans un système solaire lointain. Un jour, une guerre civile éclata et elle dut fuir sa planète natale lorsque sa famille, la famille royale, avait presque été victime d’un coup d’État. Malgré la chute de cette monarchie, elle comprenait bien le sens du devoir et des responsabilités qui impliquait des peuples entiers, car cela avait été un point essentiel lors de son éducation.

« Si tu veux mon avis, Catherine est loin d’être une personne naïve. » dit-elle. « Sans oublier ce qu’il a fait dans le passé, si elle t’a dit qu’il a changé, ça doit être vrai. Le problème c’est que tu connais Shadow seulement par ce qu’il a fait, et non par ce qu’il est. De plus, il vient de faire les premiers pas pour pouvoir te parler face à face, alors je crois que tu devrais entendre ce qu’il a à te dire. Mais, en retour, tu dois lui faire savoir pourquoi tu es en colère contre lui, pourquoi tu crois qu’il pose encore une menace pour la confédération. »

« Tu as raison, Eileen. »

« Quand vous allez vous rencontrer, tu verras s’il montre une ouverture ou non. Tu décideras alors ce qui sera juste de faire. »

« Merci, ma princesse. »

 

Eileen mit ses bras autour de son mari, glissant ses mains sur son torse tout en le serrant contre elle. Il était évident qu’elle n’était pas indifférente à la vue de sa masse musculaire au travers de sa combinaison. Elle rougit un peu, un petit sourire se traçant sur ses lèvres.

« Sassou?… » dit-elle.

 

Saeran, ayant deviné ce qu’elle avait en tête, sourit aussi. Il se retourna et la serra dans ses bras, l’embrassant passionnément.

One Response to 144 – Le sens du devoir

  1. Avatar Sylvie G.
    Sylvie G. says:

    Je suis revenu dans le décor!!!!
    Intéressant la couleur de personnage que tu donne à Saeran! Je trouve que le petit moment de faiblesse est très bien utilisé! Ça le rend plus humain. Et cette Eileen… j’aime son avis! J’espère qu’on la revoit.

    Aller, je lis un autre chapitre!

    Bise!