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68 – Deux peuples vulnérables

« Mais qu’est-ce que tu fais ici sur Taron?! » demanda Emi, encore sous le choc.

 

La générale de la NOA resta silencieuse, étudiant la situation. Les soldats d’Hajnal avaient entouré les jeunes guerriers dans un stationnement près d’un édifice. Catherine avait déjà analysé l’emplacement des navettes, des fourgons et des soldats ennemis. Elle regarda vers le nord, pouvant apercevoir une rue où il y avait moins de troupes.

« -7.6 degrés. 350 mètres. » dit-elle.

« Reçu. Je vais les couvrir. » répondit une voix dans une oreillette qu’elle portait.

« Peu importe. » dit Emi. « À deux, on sera encore plus capable de les battre!! »

« Non. » répondit Catherine. « La priorité… e-est la sécurité… de ces guerriers. Emmène les v-vers cette rue au nord. »

« Ils sont prêts à se battre!! Laisse nous… »

« Sora est en danger, alors partez! C’est un ordre! »

 

Emi fut frappée de stupeur suite à cette exclamation sans le moindre bégaiement. Elle se retourna et fit signe aux rebelles de courir vers le nord. Les troupes d’Hajnal ouvrirent le feu sur eux à nouveau, mais la barrière de Mejin continua de les protéger. La meute, après qu’Emi leur ait fait signe une seconde fois, se replia en direction de la rue indiquée par Catherine. Une paire de fourgons d’Hajnal se lancèrent à leur poursuite, mais deux sphères d’énergie surgirent du ciel, s’abattant sur eux.

« Vous êtes un agent de la NOA!! » cria le soldat qui avait le porte-voix. « Pourquoi aidez-vous ces rebelles? »

 

Catherine sortit d’une poche située sur sa hanche une sorte de haut-parleur. Elle le fixa à son gant droit, ajustant ensuite son oreillette. Elle pointa alors sa paume vers les soldats.

« N-Nous savons v-vos intentions. » dit-elle. « Vous avez… renversé le gouvernement de ce système… c-contre leur gré. Vous êtes… en infraction envers la l-loi confédérée. »

« Vous êtes aussi au courant de la guérilla que ces jeunes ont faite en nous opposant? Ce système est dans le chaos! Notre empereur, le grand Dorjan, nous a donné la tâche de créer un empire pour accomplir le destin de Rhan-Kahal!! Nous devons éliminer ces hérétiques! »

 

***

 

Il y a de cela deux décennies, trois agents de la NOA étaient en train de traverser une dense jungle sur une planète lointaine qui était dorée par deux soleils. Morgan menait le groupe, étant accompagné de deux généraux venant de l’unité Élite-X. L’un d’entre eux était le dirigeant de l’unité alors que l’autre, visiblement plus jeune que lui, était le dernier venu de l’escouade.

« C’est épouvantable cette chaleur. Cette planète est une vraie fournaise… » dit le vétéran de l’Élite-X.

« Voulez-vous qu’on arrête un peu, Général Gaete? » demanda le plus jeune.

« Je vous le dis! » rit Morgan. « C’est vraiment le temps que vous preniez votre retraite! »

« Et vous alors?! Vous êtes plus vieux que moi, je vous rappelle! » rétorqua Gaete.

« De mon côté, je vous rappelle que nous sommes en mission diplomatique… » interrompit le jeune général.

 

La mission du trio arcadien était de conclure une entente suite à une intervention que la NOA avait été dans l’obligation de faire. Il y a près d’un mois, un système fédéré avait découvert une planète près de leur système solaire qui possédait des ressources qui les intéressaient. Par contre, la planète était habitée par des indigènes.

 

Selon la loi, aucune fédération n’a le droit d’entrer en contact avec les habitants d’une planète libre qui n’appartient pas à la grande confédération. Ce doit être eux qui doivent faire les premiers pas vers les planètes fédérées s’ils désirent établir un contact et éventuellement créer des liens diplomatiques et commerciaux. Ceci a pour but d’éviter l’exploitation des peuples moins avancés technologiquement par des civilisations voisines en quête de pouvoir. Plutôt que de quitter la planète, le système fautif a plutôt décidé d’y installer des infrastructures et de se débarrasser de ces « sauvages ». Grave erreur, car la NOA est immédiatement intervenue pour protéger les indigènes.

« Tu as raison. » répondit Morgan. « Nous sommes arrivés au village du chef de la tribu. À moins que vous ayez quelque chose d’important à ajouter, je lui parlerai. »

 

Ils entrèrent dans une petit village habité par une communauté vivant dans des abris construits à partir d’écorces d’arbres exotiques. Les indigènes étaient des humanoïdes dotés d’une peau blanche comme la neige. Leurs cheveux étaient d’une couleur bleu ciel, et plusieurs d’entre eux avaient des tatouages sur le torse et les bras. L’un des indigènes, plus costaud que les autres, s’approcha des généraux arcadiens.

« Vous êtes les hommes étoiles. Ceux qui ont sauvé la famille. » dit-il, ses mots accompagnés de gestes pour aider à se faire comprendre par Morgan.

« Vous êtes le chef? » répondit-il, essayant d’employer des mots simples.

« Oui. La menace est partie? » demanda le chef.

« Ces gens ne vous feront plus de mal. Ils ne reviendront pas. »

« Jamais! » dit le chef, haussant le ton. « Ces voleurs! Ils sont venus du ciel, croyant nos terres leurs! Ont voulu tuer mes frères! Ont voulu rendre esclave mes sœurs et enfants! Ont voulu… tout détruire!! Tout raser! Rien! Même après avoir bu le sang qui donne la mort et la vie, nos forces étaient trop petites! »

 

C’est alors que le chef se tût, baissant la tête. Il prit quelques inspirations, tentant de contenir la vague de rage qui tentait de l’emporter. Morgan pouvait voir dans ses yeux des larmes qui se formaient, le souvenir du conflit encore frais dans sa mémoire.

« Mais… les hommes étoiles. » continua-t-il. « Avec leur magie, ont chassé la menace. Sans rien demander. Sans les hommes étoiles… plus rien ici. Plus amour, plus paix. »

« La seule chose que nous voulons… c’est votre liberté. » répondit Morgan. « De loin dans le ciel, nous vous regarderons et nous vous protégerons. »

« Vous vivez où, dans le ciel? »

« Votre monde ressemble à ça. » dit le général, imitant une sphère avec ses mains. « Nous vivons dans quelque chose de semblable. Une planète qui s’appelle Arcadia. »

« Il y a beaucoup de… planète? »

« Oui, beaucoup. Mille fois mille. D’autres peuples y vivent, comme vous. »

 

Le chef se tut à nouveau, prenant un moment de réflexion. Le trio arcadien pouvait voir dans son visage qu’il était face à un dilemme déchirant. Morgan en déduit qu’il s’apprêtait à prendre une décision qui allait changer son peuple à tout jamais. Il leva le poing et hurla quelque chose dans sa langue natale, répétant un mot en particulier. De l’un des abris émergea une petite fille indigène qui s’approcha du chef, se cachant derrière lui.

« Nathifa. Ma fille. Elle possède magie comme vous, hommes étoiles. Grand destin. »

« Non… » interrompit le général Gaete. « On ne peut accepter cela! »

« Que se passe-t-il? » demanda Morgan.

« J’ai vu les combats! Ces gens ne sont pas des énertechs! Si cette fille possède vraiment des habilités énergétiques qu’ils n’ont pas normalement, elle est peut-être une gardienne planétaire envoyée par leur dieu! On ne peut pas la leur prendre!! »

 

C’est alors que de sa propre initiative, le jeune général s’approcha. Le chef de la tribu sembla ébranlé par ce geste soudain, le fixant alors que l’homme de la NOA mit un genou au sol. Le silence régna et le regard du jeune général croisa celui de Nathifa, les joues de cette dernière se colorant d’une teinte rosée. Après un moment, la petite indigène s’approcha peu à peu vers lui. Tous deux se fixèrent longtemps sans dire un mot.

« Saeran!! » l’interpella Gaete. « Qu’est-ce que tu fous?! »

« Laissez-moi la prendre sous mon aile. » répondit Saeran. « Je vois en elle un immense potentiel et une grande volonté. Je vais m’assurer qu’elle développera ses dons à leur pleine capacité. »

« Dans les derniers mois… » répondit Morgan. « Tu as reçu beaucoup de responsabilités. Crois-tu être capable de t’occuper d’elle, malgré tout? »

« Avec votre permission et celle de Général Gaete, certainement. » répondit-il.

« Qu’en pensez-vous, Gaete? » demanda Morgan.

« Je suis en désaccord! La place de cette fillette est ici, non dans la NOA! »

« Je… Je… v-veux protéger… autres peuples qui… ont besoin aide. » l’interrompit Nathifa.

 

Tout le monde fixa alors la jeune indigène. Même son père était surpris de cette soudaine déclaration. Saeran sourit, déposant sa main sur l’épaule de Nathifa. Le jeune général se releva et alla voir le chef du village.

« Aujourd’hui, » dit-il. « Votre peuple a été sauvé. Quand votre fille sera grande comme nous, elle sauvera mille autres peuples. Je vous en fais la promesse. »

 

***

 

Catherine réalisa que les citoyens du système Rhan-Kahal n’étaient pas si différents de son peuple d’origine. Tous les deux étaient sans défense face à une minorité qui était plus forte qu’eux. Une force qui, pour arriver à leurs fins, était prête à les éliminer jusqu’au dernier sans la moindre pitié. C’était la raison pour laquelle elle s’était jointe à la NOA: pour donner une chance à ceux qui sont vulnérables.

« Énergie dansante. »

 

Tout à coup, le corps de Catherine projeta des centaines de sphères d’énergie pure autour d’elle. Certaines restèrent près d’elle, alors que d’autres se distancèrent. Quelques instants plus tard, les soldats se figèrent, surpris de voir le ciel recouvert de ces sphères d’énergie en suspens. Catherine s’apprêtait à passer à l’offensive.