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95 – Choisi par la déesse

« Saeran?! » s’exclama Komotheit. « Qu’est-ce que tu fous ici?! »

« Ah, te voilà. » dit le général, reconnaissant la voix.

 

Quelques voyants du tableau de bord du crystaliste clignotèrent en rouge. Son système de communication était maintenant coupé du reste des croiseurs de la NOA, pouvant seulement communiquer avec le vaisseau du dirigeant de l’Élite-X.

« Alors Shadow… » dit-il. « J’ai entendu parler de tes exploits sur Taron sous ton nouvel alias, “Komotheit”… »

« Qu’est-ce que tu me veux, Saeran?! »

« Je sais tout, Shadow. Les raisons pour lesquelles tu es ici… ainsi que la petite Sora. Je dois avouer que j’étais grandement inquiet que quelqu’un comme toi soit dans un système qui subit une telle crise. »

« Tu es venu pour me mettre sous arrestation, car j’ai mis les vies des agents de la NOA en jeu?! Ou bien m’affronter pour ce que j’ai fait quand j’étais encore l’un des vôtres?! »

« T’affronter serait une grave erreur de ma part. “Komotheit” est, selon Taron, l’un des héros qui ont aidé à libérer cette planète. M’en prendre à toi créerait une confusion parmi les troupes arcadiennes, car ils te connaissent seulement sous cet alias. De plus, cela mettrait en péril l’image de la NOA aux yeux du système Rhan-Kahal. »

« Alors… que comptes-tu faire?… »

« Pour aujourd’hui, il serait plus sage de mettre nos différents de côté. J’ai donc une proposition pour toi. Il y a une flotte de croiseurs qui arrivera d’un système voisin dans quelques heures. Je vais m’occuper de la bataille ici. De ton côté, tu iras t’attaquer à l’empereur Dorjan. »

« Tu as perdu la tête, Saeran? Comment comptez-vous aider les autres pilotes alors que vous n’êtes que trois? »

« Trois élites, je te ferais remarquer. »

« Tu veux dire… que Meryl et Maylin sont avec toi? »

« Effectivement. Avec Catherine qui est au sol et Keith à bord de l’Épervier-XVI, tous les membres de l’Élite-X sont maintenant réunis sur Kyrus. Si tu veux mon avis, la flotte additionnelle ne serait pas vraiment nécessaire, mais les ordres de Morgan sont absolus… »

« Une dernière chose… Les autres de l’Élite-X peuvent remporter la bataille sans ton aide… Pourquoi veux-tu que ça soit moi qui combatte Dorjan au lieu de toi? »

« Après que Morgan m’ait parlé de cette fillette, j’ai longuement réfléchi. Ayant analysé tous les éléments découverts par la NOA qui la reliait à cette histoire, j’ai compris qui elle était réellement. Elle est une déesse, Shadow. Une déesse que ce salaud de Dorjan veut sacrifier pour s’emparer de ses pouvoirs. »

« …en quoi cela a-t-il rapport avec moi?… »

« C’est elle qui est venue te chercher. Pourquoi a-t-elle choisi quelqu’un comme toi, je l’ignore. Mais c’est la décision d’une déesse et j’ai l’intention de la respecter. »

 

Ébahi par cette révélation venant de Saeran, Komotheit mit fin la communication. Il saisit les commandes de son vaisseau fermement, fonçant de nouveau vers les navettes ennemies. Il devait percer leur périmètre. Il devait rejoindre la base. Il devait, à tout prix, trouver un moyen de sauver Sora avant qu’il ne soit trop tard pour Rhan-Kahal. Trop tard… pour elle aussi.

 

Pendent ce temps, l’équipage à bord de l’Épervier-XVI tentait de survivre à l’assaut qu’il subissait. Cependant, chaque tir que recevait le vaisseau créait des secousses de plus en plus grandes dans le poste de commande. La barrière magique érigée par les mages n’allait plus tenir longtemps.

« Quel est l’état du bouclier principal? » demanda le commandant.

« Récupéré à 63 %, commandant. » répondit l’officier.

« Il n’y a vraiment rien que l’on puisse faire?! » cria Emi.

« Écoutez… » continua Mejin. « Même si mes pouvoirs ne sont pas aussi puissants que les vôtres, je peux tenter de donner une deuxième couche à la barrière! »

« Je suis désolé, mais les ordres que j’ai reçus de la générale Catherine sont clairs… »

« Je m’en fous! » cria la gardienne. « Si on ne fait pas quelque chose maintenant, le vaisseau va être détruit, c’est certain! Laissez Mejin vous aider! »

« Oui! » dit le moine. « Laissez-moi une chance! »

« D’accord! D’accord! » dit le commandant. « Mais n’en faites pas trop, Catherine veut vous avoir dans le meilleur des états advenant qu’il y ait un combat direct avec Dorjan. »

 

Tout à coup, la porte de la salle de commande s’ouvrit. Une femme aux cheveux de jais portant une armure argentée entra à l’intérieur de la pièce. Emi la reconnut aussitôt par la couleur bronzée de sa peau et par le regard froid que projetaient ses yeux ambre. Tout l’équipage eut les yeux écarquillés en la voyant et le commandant mit un genou au sol devant elle.

« G-Générale Maylin… » dit-il. « Je suis honoré de votre présence à bord. Quels sont vos ordres? »

« Continuez à défendre l’intégrité de votre vaisseau. Je vais m’occuper du champ de bataille. » dit elle.

« Le champ de bataille est grand… » dit l’officier. « Désirez-vous que je vous transfère quelques mages?… »

« Ce ne sera pas nécessaire. » répondit Maylin sèchement. « J’aurai besoin d’amplificateurs le jour où ce sera Arcadia même qui sera sous siège. »

 

La générale s’avança vers le centre de la salle de commande. Elle ferma les yeux, se concentrant pour ressentir ce qui se passait dans le champ de bataille. Elle perçut les auras de chaque pilote qui était encore en train de combattre les navettes ennemies. Elle prit une grande inspiration et des milliers d’orbes de mana blanc commencèrent à tourbillonner vivement autour de la générale arcadienne alors que son corps dégageait une lueur aveuglante.

« Pluie de protection divine!! »

 

Maylin leva les bras et plusieurs cercles magiques se tracèrent sur le sol autour d’elle. Un pilier de lumière blanche apparut, illuminant la salle de commande. Ensuite, une pluie d’orbes de mana tomba sur les vaisseaux à l’extérieur de l’Épervier-XVI. C’est alors que chacun des croiseurs de la NOA fut recouvert d’une puissante barrière, les protégeant maintenant des tirs venant des navettes ennemies.

« C’est… incroyable! Je n’ai jamais rien vu de tel! » s’exclama le moine.

« Commandant. » dit la générale. « Ordonnez à vos troupes de passer à l’offensive. Je vais les protéger avec mon sort. Aussi, dites à Keith de venir ici. »

« À vos ordres! » répondit le commandant.

« Et vous… » dit Maylin, se tournant vers Emi et Mejin. « Tenez-vous prêts. On aura bientôt besoin de vous. »

« Q-Quoi?! Que se passe-t-il?! » répondit la gardienne.

« J’ai reçu des ordres du général Saeran. Vous et ce Komotheit allez vous attaquer à Dorjan dès qu’on l’aura localisé. »

« Hein?! Cette brute est ici?! »

 

Sur le champ de bataille, la générale Catherine était avec une dizaine d’autres agents qui avaient perdu leurs croiseurs aux mains de l’ennemi. Avec leur aide, elle couvrait les croiseurs de la NOA qui étaient pourchassés par les navettes de Hajnal. La générale aux cheveux azur entravait les trajectoires des vaisseaux ennemis tandis que les autres tentaient de les abattre.

« Ils sont beaucoup trop nombreux! » s’exclama l’un d’entre eux.

« Hé! Regardez là-bas!! » dit un autre, pointant le vaisseau mère.

 

Catherine se tourna vers l’Épervier-XVI et elle vit la pluie de lumières qui tombait sur les croiseurs. Elle remarqua que la coque des VR-72 brillait, maintenant protégée par un bouclier lumineux. C’est à ce moment qu’un autre vaisseau de la NOA survola le groupe au sol. Son pilote s’éjecta alors que le croiseur fit demi-tour pour aller en direction du vaisseau mère.

 

Se servant du champ de force de la combinaison, elle dirigea sa chute pour atterrir près de la générale, qui était stupéfaite de la voir. Elle retira son casque, laissant retomber ses longs cheveux noirs aux reflets rouges sur son dos. Les agents masculins ne purent s’empêcher de sourire en la voyant.

« C…Colonelle M-Meryl? » demanda Catherine. « Que d-diable faites… v-vous ici? »

« C’est dommage… » répondit-elle d’un air espiègle. « J’étais sûre que tu aurais été ravie de me voir! »

« C’est j-juste que… » répondit-elle. « Nous s-sommes quand même… en p-plein siège… »

« J’ai des ordres du général Saeran! Pendant que la générale Maylin protège les troupes avec ses barrières, on doit s’attaquer à la base en commençant par son périmètre! »

« Et nous? » demanda l’un des agents.

« Euh… » dit Meryl. « Continuez à vous occuper des navettes ennemies et battez en retraite vers le vaisseau mère! »

« M-Meryl… » l’interrompit Catherine. « C’est… m-moi qui est supposée d-donner leurs o-ordres… »

« On n’a pas le temps, Saeran compte sur nous! Allons-y, Catherine! »

 

Les deux femmes se dirigèrent à toute vitesse vers la base de Hajnal, alors que les autres agents continuèrent à couvrir les croiseurs arcadiens qui s’attaquaient à la flotte ennemie. Après avoir gravi une colline, Meryl et Catherine pouvaient voir le périmètre qui protégeait la base ennemie. Il y avait des dizaines de blindés qui attendaient les forces de la NOA de pied ferme.

« Il y en a beaucoup, mais c’est loin d’être insurmontable. » dit Meryl.

« En e-effet… » répondit Catherine.

« Wow… ça fait vraiment un bout qu’on ne s’est pas battues côte à côte… Ça va faire changement d’être sous les ordres de la générale Maylin! »

 

Meryl fouilla dans sa poche et prit une paire de gants qui était faite d’un textile synthétique qui était à l’épreuve du feu et de la chaleur. Pendant qu’elle les enfilait, Catherine créa près d’une vingtaine de sphères d’énergie qui flottaient autour d’elle. L’autre femme commença ensuite à émettre une forte lueur rouge, ses gants passant du noir à une couleur orangée. Elle jogga sur place, à peine capable de se retenir.

« Alors, tu es prête Catherine? »

« Vas-y… J-Je te couvre. »