« Komotheit?! Qu’est-ce qui se passe, bon sang?! »
Le guerrier solitaire marchait dans la forêt, la tête baissée et l’air songeur. Il portait les vêtements qu’il avait empruntés au père d’Emi lorsqu’il avait ramené cette dernière chez elle plus tôt. Cela avait causé tout un émoi dans la demeure de la demoiselle, car elle était encore évanouie. Il l’avait ensuite déposée sur son lit, tentant de rassurer ses parents en leur expliquant qu’elle était seulement épuisée à la suite de l’opération de sauvetage sur la plate-forme. Il pouvait encore entendre dans sa tête le ton furieux du moine lors de leur dispute, qui était en majeure partie à sens unique.
« Pourquoi?! Pourquoi ne dis-tu rien?! »
« … »
« D’abord, tu me plaques ici et ensuite, tu pars sans rien dire?! Quand vas-tu cesser de garder des secrets?! Réponds-moi!! »
Komotheit poussa un soupir alors qu’il se dirigeait vers la porte de sa demeure. Il tentait de se convaincre qu’il avait raison de garder le silence sur ce qui s’était passé. Il devait pleinement comprendre la situation avant d’en parler à qui que ce soit. Mais tout à coup, juste avant de mettre la main sur la poignée, il entendit quelque chose bouger à l’intérieur.
« Shade!! » Le crystaliste invoqua Shade. La fine épée se matérialisa dans sa main, prête à attaquer. Silencieusement, il posa une oreille sur la porte, tentant d’écouter ce qui se passait de l’autre côté. Ses soupçons furent confirmés lorsqu’il entendit une voix suivie d’un petit rugissement. Il y avait certainement quelqu’un chez lui! Komotheit défonça la porte avec son pied et bondit à l’intérieur.
« NE BOUGE PAS!! » cria-t-il. Il fut toutefois surpris de sa découverte. Assise sur le plancher, la fillette qu’il avait rencontrée sur la plate-forme était en train de nouer en une boucle un ruban rose autour du cou de son dragon. Tous deux posèrent sur lui un regard perplexe.
« Euh… bonjour? » dit la fillette.
« Mais… qu’est-ce que tu fais là?! »
« Je mets une jolie petite boucle à Akaoï! N’est-il pas mignon avec? »
« Aka… aoï?! » demanda le crystaliste, perplexe.
« C’est son nom! »
« Tu as donné un nom à mon dragon?! »
« Non… » chuchota-t-elle. « Il me l’a dit dans l’oreille! »
Komotheit regarda la scène en silence, complètement abasourdi. Après s’être ressaisi, il pointa d’un doigt furieux le petit dragon.
« Toi!! Tu manques atrocement de professionnalisme dans ton travail de dragon de garde!! »
Akaoï émit un petit rugissement en baissant la tête et s’envola pour se percher sur le rebord de la fenêtre, le crystaliste le suivant du regard. Komotheit croisa ensuite les bras, focalisant son attention sur la fillette.
« Et toi… tu me dois les explications que tu m’as promises. »
« D’accord… »
Komotheit et la petite fille s’assirent sur son canapé, tous deux restant silencieux. Elle ne faisait que fixer le sol, le visage légèrement rose, se sentant un peu intimidée et surtout très gênée. L’homme de l’espace, quant à lui, tapait du pied, impatient d’entendre l’histoire tant attendue de la fillette. Mais en constatant qu’elle était trop tendue pour parler, il décida de briser le silence lui-même pour détendre l’atmosphère.
« En fait… comment t’appelles-tu? »
« Je m’appelle… Sora. »
« C’est un très joli nom. »
« M-Merci… » dit-elle en souriant, ce qui le fit sourire à son tour. Il s’approcha d’elle et plaça une main sur son épaule, tentant de créer un lien de confiance avec elle. Il se disait qu’il serait stupide de sa part d’effrayer une petite fille qui a parcouru une portion de l’univers juste pour lui demander de l’aide.
« Tu m’as dit là-bas que tu te cachais de gens méchants… qui sont-ils? »
« Je ne sais pas… Ils me gardent prisonnière. Ils ne me parlent presque jamais. Mais je sais que je ne suis pas la seule… Ils capturent beaucoup de gens et les mettent dans des cellules. Et parfois, ils s’en débarrassent pour en capturer d’autres… »
« Pourquoi ils te gardent? » demanda le crystaliste.
Sora ferma alors les yeux et pointa la table de la cuisine. Komotheit, curieux du geste de la fillette, se tourna vers ce qu’elle pointait. Il fut surpris de voir sa table à manger, ainsi que ses chaises, commencer à scintiller. Ensuite, son mobilier de cuisine lévita du sol, soulevé par le pouvoir de Sora.
« Wow! » s’exclama Komotheit. « Un grand pouvoir… et si jeune! D’accord… j’ai fait un cratère à ton âge, mais c’est quand même bon!! »
« M-Merci… » bégaya la petite avant de déposer les meubles sur le sol.
« Mais… je ne comprends pas l’intérêt de garder quelqu’un prisonnier à cause d’un tel pouvoir… »
« J’ai déjà entendu une de leurs conversations… que je suis une sorte de clé. »
« Une clé?… »
« Oui… une clé d’un grand pouvoir… mais je ne sais pas quoi… »
Komotheit croisa les bras et ferma les yeux, commençant à réfléchir. Qui voudrait avoir accès à un pouvoir tel que celui de Sora? Pourquoi un groupe emprisonnerait-il des personnes aléatoires pour ensuite s’en débarrasser apparemment sans aucune raison? Tout cela était louche. Il décida d’aller au fond de cette histoire. Il se leva et se mit à genoux devant la fillette pour la regarder.
« Sora… Je vais t’aider. »
« V… Vraiment? »
« Oui. Je vais les faire payer. Personne n’a le droit de te faire cela. »
« Merci… um… »
« Komotheit. En fait… Il ne reste qu’un seul petit mystère. Tu as parcouru une partie de l’univers pour venir ME chercher en particulier. Pourquoi moi? »
« Bien… quand j’ai utilisé mon pouvoir pour m’échapper… » dit Sora, terminant sa phrase en un chuchotement. « Les étoiles m’ont parlé! Elles m’ont dit qu’il y avait quelqu’un dans cet univers qui était assez fort pour déplacer des planètes, mais assez tendre pour protéger le plus fragile des cristaux! »
« Les étoiles?… » pensa Komotheit. « Elle doit parler d’une déesse… »
« Aussitôt que j’ai ressenti ton cœur… je savais que c’était toi! »
Cela fit largement sourire le crystaliste. Bien qu’il était curieux de savoir qui était cette « étoile » qui l’avait guidée vers lui, ce n’était pas important pour le moment. Ce qu’il devait faire, c’était d’arrêter ce dangereux groupe qui avait fait de Sora une prisonnière. Cependant, il savait qu’il allait avoir besoin d’aide cette fois-ci…