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40 – Jusqu’à la fin des temps

Emi ouvrit les yeux, se sentant encore un peu sonnée. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle dormait en animation suspendue, alors elle regarda la montre qu’elle portait au poignet. Quand l’affichage cessa de se dédoubler, elle constata que près de huit jours s’étaient écoulés depuis qu’elle était entrée dans une des capsules à l’intérieur de la SRAS. Emi appuya sur le bouton à la droite de sa tête pour ouvrir la vitrine, lui permettant de se lever et de sortir. Mejin et Sora dormaient encore chacun dans leurs capsules. La protectrice de la Terre décida de sortir de la salle de repos, se dirigeant vers celle de pilotage.

 

La porte s’ouvrit et Emi vit Komotheit assis sur un siège, ne bougeant pas d’un poil. Sa jambe droite était repliée, le talon sur le siège et le poignet posé sur son genou. Son autre main tenait Shade tout près de lui, le manche reposant sur sa clavicule. Il avait la tête penchée vers l’avant et les yeux fermés, peut-être dormait-il? Emi s’approcha en silence et s’assit sur le plancher, à ses côtés.

« J’avoue que tu es mignon quand tu dors… » dit Emi à voix basse pour ne pas le réveiller.

« Ah oui? » dit Komotheit, ouvrant un œil.

« AHH!! Euh… » s’exclama Emi, rougissant. « Tu étais réveillé tout ce temps?! »

« Bien sûr. Il faut que je surveille le vaisseau. »

« En fait, c’est quand la dernière fois que tu as dormi? »

« … Pourquoi veux-tu savoir ça? »

« Dis-le-moi, Komo. Ne fais pas de cachotteries, je t’en supplie. »

« … La nuit avant l’incident sur la plate-forme. »

« Quoi?! Tu veux rire de moi? »

« Tu m’as dit de ne rien te cacher. »

 

Emi resta bouche bée. Cela faisait presque 2 semaines qu’ils avaient affronté l’incendie sur la plate-forme et Komotheit n’avait pas encore dormi depuis. Cela expliquait toutefois la raison pourquoi il n’était pas pressé de se trouver un lit pour sa chambre à coucher.

« Je dors rarement. » continua l’homme de l’espace. « Je fais de l’animation semi-suspendue, ce qui me permet de récupérer complètement, tout en restant alerte et prêt à me défendre. Quand on s’endort, on laisse l’opportunité à l’ennemi de nous attaquer. »

« Alors… que fais-tu… pendant toutes ces nuits? Ça doit être long de passer tout ce temps seul… »

« On peut dire… que j’essaie de trouver un sens à mon existence. »

 

C’est alors qu’Emi arrêta son regard sur Komotheit, la conversation sombrant dans le silence. Le guerrier solitaire fixait droit devant lui, les sourcils froncés, le regard éteint. Emi se leva et s’approcha derrière lui, plaçant ses bras autour de ses épaules. Ils restèrent ainsi pendant un long moment.

« Emi?… » dit-il.

« Oui, Komo?… »

« Je veux que tu… me promettes une chose… »

« Qu’est-ce que c’est? »

 

La gorge de Komotheit se serra, alors qu’il essayait de trouver les mots justes. C’était la première fois qu’il parlait à cœur ouvert à quelqu’un et cela l’effrayait un peu. Mais il savait que s’il n’y avait qu’une seule personne dans l’univers à qui il pouvait faire pleinement confiance, c’était bel et bien Emi.

« Ne… Ne m’abandonne jamais… »

 

Des larmes commencèrent à couler le long des joues d’Emi alors qu’elle le serra plus fort. Pour qu’il lui demande cela, quelque chose de terrible devait lui être arrivé dans le passé. Bien qu’elle aurait aimé savoir de quoi il s’agit, elle jugeait qu’il était mieux de se taire sur le sujet pour le moment. Elle savait qu’il le lui dirait un jour, quand il serait prêt.

« Tu sais, Komo… Peut-être que je ne comprendrai jamais l’ampleur du fardeau que tu portes sur tes épaules… Par contre, je veux que tu saches que tu as beaucoup d’importance pour moi. Aussi, j’ai le pressentiment… que notre lien durera jusqu’à la fin des temps. »

 

Komotheit ferma les yeux, ne pouvant s’empêcher de sourire. Cela était étrange, mais il savait au plus profond de lui-même qu’elle n’avait probablement pas tort.

« Hé Emi… » dit-il sur un ton plus joyeux. « Veux-tu que je te montre quelque chose? »

« Qu’est-ce que c’est? »

Komotheit appuya sur quelques boutons, changeant ce qui était affiché sur l’écran principal, s’arrêtant sur la vue de l’avant du vaisseau. Emi écarquilla les yeux.

« Emi, voici la planète Arcadia. »

 

La planète était principalement d’une couleur gris sombre, mais des lumières multicolores se déplaçaient partout sur sa surface. Il y avait aussi de nombreuses masses lumineuses éparpillées le long de sa superficie, qui semblaient être des métropoles. Des formes étincelantes les entouraient, comme des aurores boréales constituées de brillantes formes géométriques. Orbitant autour d’Arcadia, il y avait plusieurs colonies spatiales, comme sur Terre. Certaines d’entre elles éclairaient une partie de la planète, comme si elles étaient des soleils artificiels qui gouvernaient le jour et la nuit.

« C’est… incroyable!! » s’exclama Emi. « Je n’ai jamais rien vu de tel!! »

« J’ai déjà vécu sur cette planète. »

« Vraiment?! »

« Oui. C’était il y a longtemps… mais on dirait que rien n’a changé là-bas. »

« Ton ami Morgan vit ici? »

« Haha… pas juste ça. »

« Que veux-tu dire? »

« Il est responsable de cette planète. »

« Quoi?! » s’exclama Emi, regardant Komotheit. « T-Tu veux dire qu’il en est Gardien?! »

« Bien… On peut dire qu’il est une sorte de Gardien planétaire, oui. »

« Wow… il a l’air de quelqu’un de très important et de puissant aussi. Je serais curieuse de le rencontrer… »

« Ne t’inquiète pas, tu le verras très bientôt. Va réveiller Mejin et Sora, nous atterrissons dans quelques minutes. »

 

Emi lui sourit avant de sortir de la salle de pilotage pour aller vers la SRAS. Komotheit prit alors les commandes manuelles, désactivant le pilotage automatique. Le vaisseau plongea vers la planète à toute vitesse, traversant son atmosphère artificielle.

 

Il croisa plusieurs navettes qui quittaient Arcadia. Certaines d’entre elles étaient des vaisseaux de transport de biens ou de nourriture, d’autres étaient probablement des croiseurs d’assaut appartenant aux forces de l’ordre. Il vit, tout près d’un port spatial, des phares s’illuminer le long d’une piste d’atterrissage. La zone était vide, ce qui était étrange pour un débarcadère civil d’Arcadia, qui normalement était rempli de navettes. Il s’approcha doucement et atterrit avec délicatesse, tout près de l’accès au port. Ils étaient enfin arrivés à destination.