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60 – La maillon manquant

Farkas baissa la tête, mal à l’aise sous le regard de ses alliés terriens et des membres de la meute. Ils commencèrent à remettre en doute la fiabilité de leur chef, qui leur avait caché la vraie histoire à propos de Dorjan et de Hajnal. Le silence pesa lourdement sur cette dernière, qui ne faisait que serrer les poings.

« Alors?… » dit Komotheit avec un calme inquiétant dans sa voix.

« D’accord!!! J’étais la maîtresse de Jaren!!! » cria Farkas, causant tout un choc.

 

Les autres rebelles furent abasourdis d’apprendre que leur chef avait eu une liaison amoureuse avec l’un des plus haut placés des forces de l’ordre de Rhan-Kahal!! Emi et Mejin la fixèrent bouche bée, alors que Sora décida sagement de ne pas demander ce qu’était une maîtresse.

« Je… ne m’attendais vraiment pas à cela. » pensa Komotheit en fronçant les sourcils.

« Quoi?! » aboya Farkas, regardant ses troupes. « Peut-être qu’il avait deux fois mon âge, mais on s’aimait vraiment!! »

« J’imagine qu’il vous divulguait des choses qui auraient normalement dû rester secrètes? » demanda Mejin.

« En effet. Bien qu’il avait été d’une grande aide lors de la dissolution de Hajnal, Dorjan avait toujours eu un comportement suspect aux yeux de Jaren. Il avait fait de minutieuses recherches à son sujet et il me partageait ses trouvailles. Quand Dorjan a su qu’il en savait trop sur lui… il… »

 

C’est alors que Farkas s’arrêta de parler, couvrant son visage de ses mains pour cacher les larmes de rage qu’elle versait. Emi sentit un pincement au cœur, comprenant maintenant que la jeune chef rebelle n’était qu’une autre victime du carnage qu’avait causé Hajnal.

« ARGH!! » cria Farkas, frappant la table de son poing. « C’est pour ça que j’ai fondé la meute! Je veux faire payer Dorjan pour ce qu’il m’a fait, pour ce qu’il nous a fait! »

 

Les autres adolescents commencèrent à frapper répétitivement la table avec leur paume, poussant des hurlements de loup en guise d’approbation pour montrer qu’ils étaient derrière leur chef. Chacun d’entre eux avait une raison pour avoir rejoint la meute, puisqu’ils avaient tous perdu quelque chose ou quelqu’un de précieux à cause de Hajnal. Révoltés de l’inaction des autres citoyens, ils ont tous jugé que le seul moyen d’avoir une lueur d’espoir pour un meilleur lendemain était de prendre les armes et de les affronter.

« Oublie Dorjan. » dit Komotheit d’une voix froide.

 

Le temps sembla alors se figer, le silence s’installant dans la pièce. Emi le regarda, ne comprenant pas sa réaction. Le guerrier solitaire fixait Farkas d’un regard insensible, semant une colère bleue en elle.

« Que viens-tu de dire?… » gronda-t-elle.

« Dorjan n’est pas quelqu’un que tu peux affronter comme ça. »

« Pour qui te prends-tu?! Il m’a volé la seule personne qui m’ait vraiment aimée!!! Tu as intérêt à rester hors de mon chemin quand je vais faire payer ce salaud de mes propres mains! Je vais faire en sorte qu’il me supplie que je le tue!!! »

« Ne laisse pas tes sentiments aveugler ton jugement! »

« Comment peux-tu comprendre ce que je ressens?! » hurla Farkas.

 

C’est à ce moment que Komotheit s’emporta, frappant la table avec ses poings en se levant.

« Dorjan a en sa possession un pouvoir que tu ne peux même pas commencer à comprendre!! Si tu l’affrontes, il t’exterminera sans le moindre effort et ce sera alors la fin pour Taron!! »

 

Farkas et Komotheit se dévisagèrent l’un et l’autre pendant un long moment. Emi se leva aussi, tentant de poser une main sur l’épaule du crystaliste dans l’espoir de le calmer. Ce dernier la repoussa brusquement, lui tournant le dos pour se diriger vers la sortie. Étrangement, il semblait subitement être mystérieusement guéri de ses blessures.

« Cette conversation ne va nulle part. »

« Komo!! Attends!! » l’interpella Emi.

« Laisse… moi… tranquille. » répondit-il d’un ton de voix menaçant.

 

Il jeta alors un regard sinistre sur la jeune gardienne, ses yeux étant devenus noirs. Emi resta paralysée pendant un court moment, un horrible frisson de terreur parcourant sa colonne vertébrale. Komotheit sortit alors de la salle, semant un sentiment de crainte parmi tous les rebelles de la base avec la simple force de son aura.

« Merde, c’est quoi son problème? » marmonna Farkas.

« Écoutez tout le monde… » dit Mejin. « Peut-être sommes-nous partis du mauvais pied, mais nous voulons quand même vous aider pour éliminer notre ennemi commun. Il est cependant tard et les émotions ont été fortes, alors nous devrions nous reposer et planifier notre stratégie demain, à tête reposée. »

« Tu as raison. » dit la rebelle. « Nous avons installé un dortoir ici, pour nos membres qui n’ont nulle part où aller. »

« Je vous remercie énormément. Nous allons aussi avoir une discussion avec Komotheit. Allons-y, Emi. »

 

Emi hocha la tête en silence, ressentant encore l’horrible froid que lui avait laissé le regard du guerrier solitaire. Elle suivit Mejin et Sora, guidés par un membre de la meute que Farkas avait désigné pour les mener au dortoir.

 

Pendant ce temps, Komotheit s’était isolé sur le toit de l’entrepôt, à l’abri de tous les regards. Il tremblait énormément, ressentant de nouveau cette puissante douleur venant de la mystérieuse marque invisible qu’il portait sur son dos.

 

Il chercha d’un air désespéré son flacon d’alcool à l’intérieur de son manteau, la seule chose qui pouvait le soulager. Quand il le retrouva, il se rendit compte qu’il restait à peine une gorgée à l’intérieur. Il le laissa tomber à côté de lui, saisissant sa tête avec ses mains, ses souvenirs revenant le hanter.

« Je t’aimerai à tout jamais… »

« Moi aussi… Komo… Pour l’éternité… »

« AAARRRRRGHHHHHHHH!!!! »